Professeure des universités à l'Université Libre de Bruxelles, Laura Calabrese est l'une des lauréat·es de la bourse de mobilité croisée 2024.
Dans l’optique de favoriser des réponses à des appels d’offres d’autres institutions (notamment les institutions européennes), l’IdA et AmericaS (Maison des sciences humaines de l’ULB) lancent depuis 2023 un appel à mobilités croisées.
Sur quelle thématique travaillez-vous ?
Je travaille actuellement sur le discours réactionnaire en Amérique latine. En collaboration avec ma collègue Sol Montero, nous étudions le discours libertaire en Argentine, dans un contexte de forte utilisation de motifs réactionnaires dans la région. Nous avons publié plusieurs articles sur les concepts politiques et nous préparons actuellement un colloque sur la circulation de concepts réactionnaires entre l’Europe et les Amériques.
Avec qui collaborez-vous en région parisienne ?
Je collabore depuis longtemps avec des chercheuses et chercheurs en région parisienne, notamment en analyse de discours, et ce, sur des thématiques assez diverses puisque ce qui nous unit ce sont nos cadres théoriques et méthodologiques. Ce séjour était un peu différent parce que je venais avec une thématique bien précise, avec pour objectif d’entrer en contact avec des américanistes de plusieurs disciplines pour discuter de futurs projets et notamment de l’organisation du colloque. J’ai également présenté le travail que nous avons réalisé sur les concepts politiques réactionnaires chez ma collègue Cécile Coquet-Mokoko, du Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines, dans son séminaire de recherche consacré aux circulations transatlantiques de concepts, d’idées et d’idéologies.
Plus particulièrement, je me suis focalisée sur l’analyse du concept de « casta » dans le discours du libertarien Javier Milei, en soulignant les aspects méthodologiques pour travailler sur l’histoire des concepts dans une perspective discursive.
Dans quelle mesure ce séjour a-t-il été important pour vos travaux de recherche ?
Il m’a servi à rencontrer des chercheuses et chercheurs travaillant sur le discours politique en Amérique latine, un domaine peu exploré en Belgique et qu’on souhaite développer, en
collaboration avec des universités latino-américaines. Deuxièmement, ma rencontre avec
Cécile Coquet-Mokoko, dont le laboratoire est affilié à l’IdA, m’a servi à discuter quelques
points précis de ma recherche. Elle a par ailleurs monté un projet sur la persistance de
l’imaginaire raciste aux États Unis auquel je collabore. Notre rencontre, d’abord à Bruxelles et puis à Paris (dans le cadre de la mobilité croisée entre l’IdA et Americas, le groupe de recherche de l’ULB) a permis également de lancer de nouvelles pistes de travail sur les discours politiques, qu’il faut maintenant développer.
Les prochaines étapes sont donc l’organisation du colloque sur la circulation des discours
réactionnaires entre l’Europe et les Amériques et le montage d’un projet sur la même
thématique. Au-delà des actions concrètes entreprises lors du séjour, le fait de faire une pause dans le travail d’enseignant et se consacrer pleinement à planifier sa recherche dans un cadre très agréable, comme c’est le cas ici, permet d’avancer très rapidement sur certains dossiers pour lesquels on peine à trouver du temps. Le cadre de l’IdA est idéal dans ce sens.