Retour sur les Rencontres Annuelles de l’Association des Géographes Américains

La session « Material Cultures in Geography » a réuni des chercheurs et chercheuses dont le travail met la question matérielle au centre de la compréhension de la valeur culturelle des espaces. Elle rassemblait des interventions soucieuses d’affirmer les dimensions matérialistes des géographies culturelles. Ces ancrages matérialistes de la culture ont ouvert des discussions sur les possibilités d’analyse économiques générées par ces approches.

La conférence dispensée par Alexandre Pires portait sur le rôle des représentations corporelles féminines dans le paysage publicitaire et commercial du Sunset Strip. Elle proposait une lecture des dynamiques économiques au cœur de la production contemporaine des spatialités marchandes du Sunset Strip au regard de la transformation du paysage corporel local. Elle a été l’occasion d’une valorisation des matériaux visuels produits dans le cadre de son terrain, et d’une communication sur les méthodes archivistiques employées pour documenter la transformation diachronique des modes de représentation des corps dans l’espace public.

Ces questions méthodologiques ont été au cœur des discussions qui ont suivi la conférence. Elles ont notamment concerné l’usage de Google Streetview comme outil de construction d’une archive visuelle des espaces publics, de même que les méthodes ethnographiques et auto-ethnographiques employées pour élaborer un savoir situé sur les espaces publics.

C’est à cette occasion qu'Alexandre Pires a rencontré Valentina Albanese, géographe à l’Université de l’Insubrie dont les méthodologies interrogent questions de performances corporelles sur le terrain. Cette rencontre a engagé une riche conversation méthodologique au débouché de laquelle il a été invité à communiquer au sein du workshop WeDanse, réunissant des interventions interrogeant le rôle des performances corporelles féminines dans la transformation de la relation des individus à l’espace.

Alexandre Pires y a proposé une longue communication portant sur le lien entre espace et performance, au gré de laquelle il a partagé les enjeux théoriques et méthodologiques soulevés par l’étude des espaces publics à Los Angeles. Il y a notamment exploré les enjeux de réflexivité dans la construction de matériaux auto-ethnographiques et l’élaboration de stratégies corporelles adaptées à l’étude des espaces publics marchandisés de Los Angeles. La discussion était centrée sur les normativités corporelles produites par la marchandisation des espaces publics, et a exploré les façons dont les géographes peuvent négocier ces normes pour étudier ces espaces marchandisés.

L’itinéraire scientifique dessiné par la première participation d'Alexandre Pires aux AAG se poursuivra à Detroit, en mars 2025. Il prendra la place de Valentina Albanese pour communiquer dans le panel organisé par Ellie Cleasby portant sur l’intégration de la créativité dans la construction de méthodologies géographiques. Alexandre Pires interrogera le rôle et la place de la dimension créative de ses propres performances corporelles dans la construction de son terrain ethnographique à Los Angeles.