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Vidéos de l'inauguration et de la conférence inaugurale du colloque

Session d'inauguration 11h-11h45

  • Françoise MOULIN CIVIL, présidente, Institut des Amériques 
  • Philippe ORLIANGE, Directeur Géographies, Agence française de développement
  • Adrián BONILLA, directeur exécutif, Fondation EU-LAC
  • Philippe BASTELICA,Secrétaire général des Semaines de l’Amérique latine et des Caraïbes, Ministère de l’Europe et des Affair​​es étrangères 
  • Yvanne BOUVET et Audrey SÉRANDOUR, coordinatrices scientifiques du colloque

 

Conférence inaugurale 11h45-12h30

Sebastien Treyer, directeur général de l'Institut du développement durable et des relations internationales

Colloque
25 mai 2023
11h45-12h30
With the support of IdA
Agence française de développement, 3 place Louis Armand 75012 Paris
Geographical area
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affiche colloque 2023

Colloque IdA-EULAC-AFD-MEAE 2023

25 et 26 mai 2023
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affiche colloque 2023

 

Le colloque "Les défis du commerce des matières premières, Europe - Amérique latine - Caraïbes" est organisé par l'Institut des Amériques (IdA) la Fondation Union Européenne- Amérique latine et Caraïbes (EU-LAC) et l’Agence française de développement (AFD) et le Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, ce colloque s’inscrit dans le cadre des Semaines de l’Amérique latine et des Caraïbes (SALC 2023).  

Coordination scientifique : Yvanne Bouvet (Université de Bretagne Occidentale) et Audrey Sérandour (Université de Haute-Alsace, CRESAT, PRODIG)

25 et 26 mai (Agence française de développement, auditorium Mistral)

Consultez les informations du colloque : 

Dans un contexte d’augmentation de la demande en ressources, d’inquiétudes sur la finitude des réserves et de volonté de transition socio-écologique, les pays européens redécouvrent en ce début de XXIe siècle les enjeux liés aux matières premières non-renouvelables (minerais, hydrocarbures, sable...). Les États qualifient de plus en plus de minerais comme critiques ou stratégiques et les investisseurs cherchent à sécuriser leurs approvisionnements. Cela rappelle à quel point les scénarios de transition reposent avant tout sur des réalités physiques, matérielles, localisées. Les régions de production, de transformation et de consommation sont rarement les mêmes ; et les flux de matières premières, notamment énergétiques, montrent qu'il existe toujours des relations de domination entre ces régions.

L’Amérique latine et les Caraïbes font partie des espaces où se situent d’importants gisements de matières premières. L’exploitation de ces dernières y a même structuré un système économique et socio-politique, mis en place à l’époque coloniale et qui s’est consolidé au fil des siècles pour devenir – dans le cadre de la mondialisation contemporaine – une dépendance aux exportations de ces ressources et au marché mondial. Si les compagnies transnationales jouent aujourd’hui un rôle clé dans l’industrie extractive latino-américaine, un certain nombre d’Etats cherchent à affirmer leur participation et leur contrôle sur ce secteur, car les activités minières constituent une importante source de revenus de court terme, pouvant être utilisés pour soutenir des politiques publiques en matière de santé, d'éducation, de logement, etc. 

De l’autre côté de l’Atlantique, l'Europe a surtout été l'un des espaces de consommation de matières premières, ce qui a largement façonné les relations historiques tissées avec l’Amérique latine et les Caraïbes. C'est aussi l'une des régions du monde où s'affirment aujourd'hui les injonctions à la transition énergétique, qui mobilise une diversité toujours plus grande de minerais. En tant que zone d’importation d’une partie de la production minière latino-américaine, l’Europe et les acteurs européens – qu’il s’agisse d’institutions comme l’Union européenne ou d’investisseurs privés – ont un rôle à jouer dans les logiques de développement du secteur minier latino-américain, notamment par la mise en place de normes socio-environnementales et techniques. D’un continent à l’autre, les matières premières constituent toujours des enjeux à la fois économiques et politiques, mais aussi environnementaux et sociaux. Comment concilier le besoin d’une diversité croissante de matières premières, qui provoque une avancée des fronts extractifs, avec les impératifs de protection de l’environnement et de respect des droits sociaux, mais aussi les attentes des acteurs locaux en termes de retombées économiques ? Quels modèles de développement et de gouvernance peuvent être mis en place autour de l’exploitation des ressources ? Est-il possible de construire des coopérations régionales et bi-régionales, quand au niveau national le débat se cristallise autour des enjeux de souveraineté énergétique ou de souveraineté sur les gisements ? Et, plus largement, comment dépasser l’asymétrie des relations entre les pays fournisseurs de matières premières et les pays qui investissent, achètent, puis transforment ces produits ?

À l’articulation entre les continents, acteurs publics comme investisseurs privés déploient des stratégies de maîtrise des chaînes de valeur des matières premières. Afin de sortir de leur dépendance aux exportations de produits bruts, les pays d’Amérique latine et des Caraïbes misent sur l’industrialisation des ressources : fabriquer des batteries, plutôt que de vendre du carbonate de lithium, par exemple. Or, la longue histoire de spécialisation productive du continent se traduit par un manque de ressources humaines, dont la formation prend du temps et nécessite des investissements, qu’ils soient publics ou privés.

De leur côté, pour assurer leurs besoins en ressources pour la transition écologique, les pays européens multiplient les plans de relance minière. Cette réponse face à un sentiment d’urgence est toutefois contrainte par la temporalité de tels projets, ainsi que par de l’émergence de critiques et contestations locales, souvent elles-mêmes portées par un argumentaire environnemental.

Finalement, les enjeux stratégiques autour des matières premières posent la question de l’échelle à laquelle penser l’exploitation et la régulation des ressources, ainsi que le devenir des espaces post-miniers, dans le contexte de transition socio-écologique. Ils soulèvent également la question des temporalités dans lesquelles s’inscrivent ces préoccupations.