Retour sur ciné-rencontre : Intimités Linguistiques

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Intimités francophones d’eux, réalisé par Anne-Céline Genevois aborde la question des réalités linguistiques francophones présentes en Amérique. Ce film s’inscrit dans une démarche anthropologique. Il s’agit de partager les réalités culturelles des personnes vivant en Amérique à travers la langue française. En choisissant le prisme de la francophonie, l’équipe est allée à la rencontre des communautés francophones en situation linguistique minoritaire mais aussi d’autres langues et cultures présentes sur les territoires.

La projection a été suivie d’une discussion entre la réalisatrice, la coordinatrice du pôle Canada et le public. Il a notamment été question de l’aspect politique de l’usage des langues dans les Amériques. En effet, l’usage du français au Canada fait débat depuis de nombreuses années, notamment la question de la norme linguistique. Le français considéré hors-norme, dénature t-il la langue ou l’enrichit-elle ? Le film remet en question le discours canadien en vigueur dans les années 1970 vis à vis de la conservation d’une la langue française « pure » perçue comme nécessaire à la préservation d'une identité dans une culture de la survivance.

Les locuteurs et locutrices interrogé.e.s dans le documentaire évoquent tour à tour les enjeux linguistiques auxquels ils sont confrontés et leur volonté de se réapproprier la langue comme outil d’affirmation de leur identité quelle que soit leur provenance géographique.

À l’origine pensé pour traiter exclusivement de la question de la francophonie dans les Amériques, il semblait finalement impossible pour l’équipe du film de ne pas évoquer les réalités autochtones. Plusieurs personnes issues des Premières Nations témoignent ainsi de la disparition des langues autochtones comme le Cri en raison du génocide culturel mené par le Canada. Si le gouvernement reconnaît aujourd’hui les préjudices causés par les pensionnats pour Autochtones, les conséquences n’en demeurent pas moins désastreuses pour les populations concernées. Bien que le documentaire n’ait pas pour vocation première d’exposer les actions génocidaires perpétrées au Canada, il met en lumière les conséquences de ces pratiques sur les populations Métis et Autochtones.

Si ces deux pans de l’histoire canadienne sont traités en simultané, il ne s’agit évidemment pas d’en faire une comparaison comme l’a bien souligné la réalisatrice. Le documentaire a été réalisé au contact des différentes communautés de manière à mettre en valeur, grâce à la parole des personnes interrogées, les enjeux linguistiques auxquels sont aujourd’hui confrontés les Amériques.