Share

Séminaire du réseau thématique "Gauches dans les Amériques" du pôle Nord-Est de l'Institut des Amériques

Au 21e siècle, et à l’échelle globale, les gauches ont fait face à un problème sans précédent : comment surmonter les crises de la fin du 20e siècle (néolibéralisme, chute de l’URSS, etc.) et se réinventer ? Certains pays des Amériques ont fait figure de pionniers dans l’élaboration théorique et pratique de “gauches du 21e siècle”, tandis que d’autres sont demeurés ou devenus des bastions du conservatisme.

L’Amérique latine en particulier a constitué un laboratoire des gauches (avec notamment les cas marquants du Vénézuela et de la Bolivie) : elle a été la seule région du monde où les inégalités ont reculé sous l’effet de diverses interventions politiques (étatiques ou non), et à la faveur d’une conjoncture économique favorable grâce au cours élevé des matières premières, non sans contrastes cependant d’un pays à un autre. Cet “âge d’or” s’est achevé à partir de 2015, mais une nouvelle “vague rose” (dans laquelle on peut inscrire le cas du Mexique) s’est formée. Dans le même temps, aux États-Unis, pays marqué par une histoire où la gauche a généralement été marginalisée, on a pu observer un certain renouveau de la gauche comme mouvement social et politique, à la fois sur les plans idéologique, électoral, organisationnel et militant.

Les Amériques seraient-elles une arène privilégiée pour observer les nouvelles perspectives pour les gauches au 21e siècle ? Cette séance de séminaire tentera d’étudier la pluralité de ces contextes et de ces temporalités.

Interventions:

  • Yoletty Bracho (Lyon 2 / Triangle), « Les gauches, l’État et les classes populaires : réflexions à partir du cas vénézuélien »
  • Marie Ménard (UPEC / IMAGER), « Renouveau du syndicalisme aux Etats-Unis : mirage ou réalité ? L'exemple des enseignant‧es en lutte (2012-2019) »
  • Pablo Stefanoni, (Rédacteur en chef de Nueva Sociedad) et spécialiste de l’Argentine et de la Bolivie
  • Maya Collombon (CEMCA), « Chiapas, la contestation en héritage »

Organisation:

  • Mathieu Bonzom (université Paris 1 Panthéon Sorbonne, CESSP)
  • Thomas Posado (université Paris-8, CRESPPA-CSU)
  • Charlotte Thomas-Hébert (université Paris 1 Panthéon Sorbonne, CESSP)
Seminar
Le 17 mars 2023
De 14h à 18h
With the support of IdA
Campus Condorcet

Salle Nina Simone, 6.040, Institut des Amériques
6ème étage du bât. de recherche Sud 
5 cours des Humanités, 93322 Aubervilliers Cedex

Geographical area

RT Pôle Nord-Est: Les gauches dans les Amériques

2021-2023

Genèses, caractéristiques, dynamiques (des origines à nos jours)

Le pôle Nord-est de l'IdA finance des Réseaux thématiques (RT) visant à favoriser des initiatives de recherche permettant de mieux dialoguer entre disciplines et entre collègues spécialistes des différentes aires géographiques des Amériques. Structurés autour d'un thème abordé dans une perspective trans-Amériques et pluridisciplinaire, ils sont portés par au moins 2 collègues rattachés à au moins 2 établissements différents du pôle et spécialistes de l'Amérique du nord et de l'Amérique latine.

Le présent projet vise à saisir l’opportunité de l’appel à réseaux lancé par l’Institut des Amériques pour établir et renforcer des liens entre les spécialistes des gauches dans différentes régions des Amériques et de la Caraïbe.  L’objet principal en est donc bien la constitution et l’extension d’un nouveau réseau, dans lequel le contenu du projet présenté ici pourra (et devra) se préciser.

Les activités du réseau pourront concerner l’histoire et l’actualité des gauches, dans toutes leurs dimensions théoriques et pratiques, politiques, sociales, militantes, étatiques, économiques, culturelles, littéraires, artistiques, institutionnelles ou informelles. Le terme de gauche sera compris, comme point de départ de l’analyse, dans un sens large faisant référence à une orientation politique de transformation sociale et d’émancipation individuelle et collective non seulement vis-à-vis des rapports sociaux de classe, mais également de race ou de genre, ainsi que toutes les formes d’oppression et de domination ethnique, nationale, impérialiste, patriarcale, ou encore des périls environnementaux planétaires.

- approche

Il est courant de considérer que les gauches ont connu des trajectoires radicalement différentes dans les Amériques et la Caraïbe par rapport notamment à celles observées en Europe nord-occidentale : spécificités des gauches enracinées dans des régions marquées par une histoire coloniale, façonnées par des formes originales de développement du capitalisme et de l’État, nourries ou contrariées par les événements politiques propres à chaque nation ou déployés à des échelles infra- et supra-nationales, qui ont également contribué à ces différenciations continentales.

Ces différenciations existent. Mais cette approche en termes de spécificité n’évite pas toujours le travers de l’exceptionnalisme, c’est à dire d’une absolutisation des spécificités. C’est ainsi que l’on aborde fréquemment l’histoire des gauches en Amérique latine sur le mode de l’imitation de modèles européens vouée à l’échec par inadaptation aux conditions locales, et de celles des États-Unis en termes d’absence pure et simple pour cause d’exception nationale. D’autres versions de ce « nationalisme méthodologique » existent dans des travaux portant sur tel ou tel autre pays des Amériques et de la Caraïbe. D’un autre côté, la question des circulations transnationales est également épineuse : insuffisamment étudiées s’agissant des pays d’Amérique latine, elles jouissent concernant les États-Unis d’une visibilité ambiguë, non sans rapport avec le cliché d’une gauche toujours « étrangère ».

Faire la part de l’intégration à un même espace transcontinental et/ou transatlantique, et de l’autonomie des gauches, restituer les spécificités de façon plus mesurée, tout cela implique d’entreprendre un travail comparatif systématique, tout en faisant la part de différents niveaux de circulations transnationales par rapport aux dynamiques endogènes à chaque société.

Pour engager ce travail collectivement, notre réseau pourra aborder son objet depuis au moins trois points de vues complémentaires et croisés :

* celui des genèses des gauches, de leurs origines et de leurs sources, non seulement au tout début de leur existence (qui reste à dater précisément) mais aussi tout au long de leurs trajectoires. Les multiples formes de luttes contre les dominations, les multiples espaces sociaux et politiques, dans lesquels elles ont pris racine, se sont déployées, ont reflué, se sont relancées, de fondations en refondations, jusqu’à aujourd’hui.

* celui des spécificités des gauches dans les Amériques. Cette question de la spécificité de tel ou tel pays, voire de l’aire continentale en général, du point de vue de l’histoire des gauches, a déjà fait l’objet de riches débats qu’il s’agira d’aborder à nouveaux frais, de façon transversale aux deux autres points de vue.

* celui des dynamiques des gauches, qui sous-tend une approche s’intéressant à l’action politique, aux événements petits et grands, aux rapports de forces et à leurs évolutions, à l’agentivité des différentes populations qui ont fait et défait les gauches au fil de leur histoire et jusqu’à nos jours.

Toutes ces questions seront abordées par de multiples approches disciplinaires relevant des humanités (histoire, sociologie, science politique, et bien d’autres).

- perspectives pratiques

Les réflexions sur la gauche (et la notion même de gauche) étant toujours guettées par différentes formes d’eurocentrisme, un réseau thématique sur les gauches au sein de l’Institut des Amériques aurait également un rôle à jouer, à terme, dans les débats scientifiques et publics sur la gauche en France et en Europe, afin de contribuer à les renouveler à la lumière de l’histoire et de l’actualité des gauches dans les Amériques.

Car à l’heure où la recherche tend parfois à se faire en fonction d’objectifs de relatif court terme, l’objectif central de ce projet sera bien de constituer progressivement, par tous les moyens présentés plus bas (et d’autres encore sans doute), un réseau durable de collègues travaillant sur toutes ces questions, au-delà de la période visée par le financement apporté par l’Institut des Amériques.

Ce réseau est naissant, et beaucoup d’éléments sont encore à préciser dans les activités proposées ci-dessous. Cependant, il pourra s’appuyer sur l’expérience d’activités collectives déjà lancées concernant les États-Unis (séminaire « Du socialisme en Amérique », depuis 2019), des initiatives soutenues par l’Institut des Amériques ces dernières années (colloque 1968 dans les Amériques en octobre 2018, ou encore certaines séances passées du séminaire de l’IdA), et sur les travaux et réseaux respectifs des collègues ayant déjà accepté de participer à ce projet collectif.

Organisateurs