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Eugénie Clément, ancienne coordinatrice du pôle Californie de l'Institut des Amériques

Eugénie Clément soutient sa thèse "Restaurer les sols, décoloniser les esprits. Une ethnographie des « protecteurs » environnementaux de la Nation navajo" le 20 décembre 2024 à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS).

Composition du jury

  • Mme Sara Le Menestrel (Directrice de thèse), CNRS
  • M. Thomas Grillot (Co-Directeur), CNRS
  • M. Nicolas Ellison, EHESS
  • M. Lionel Larré, Université Bordeaux Montaigne
  • Mme Marine Le Puloch, Université Paris Cité
  • Mme Sylvie Ollitrault, CNRS
  • Mme Sandrine Revet, Sciences Po
  • M. Benoit Trépied, CNRS

Résumé

L’objet de cette thèse est l’activisme environnemental navajo. L’activisme environnemental est souvent perçu dans les sociétés occidentales comme une tendance politique naturelle des peuples autochtones. Cette thèse démontre que ces raisonnements sont infondés et que cet activisme environnemental en territoire navajo ne fait pas consensus au sein de la Nation. Il est en partie le fruit d’une histoire de résistance aux forces coloniales. Les activistes avec lesquels je travaille représentent la troisième génération de militants luttant depuis la fin des années 1960 pour leur souveraineté politique et un renouveau culturel. C’est dans cette généalogie qu’il faut inscrire les protecteurs environnementaux navajos. C’est un processus en constante élaboration, et à ce titre depuis 2016, je note une présence grandissante des théories anarchistes et communistes au sein des organisations navajos avec lesquelles j’ai travaillé. Ce qui était auparavant considéré comme « un truc de vieux mecs blancs  », est à présent devenu légitime par une inscription dans les structures politiques précoloniales des Navajos.  Je m’intéresse ici à la complexité de cet activisme et à ses spécificités et points communs avec d’autres mobilisations politiques. Cet activisme environnemental est le fruit de constantes interactions et échanges avec des activistes environnementaux radicaux, ainsi qu’avec des populations autochtones dans l’ensemble du pays. Pour cela, je me penche sur leurs itinéraires individuels, riches et variés. Les questions de l’authenticité, de l’appartenance au groupe et du danger de la promotion individuelle apparaissent constamment. L’activisme environnemental amène chez mes interlocuteurs le besoin de se nommer « protecteurs », afin de mettre à distance le militantisme et la violence. La question de la violence est ambiguë : elle est en partie associée à des valeurs jugées comme non-navajos qui pourraient les exclure de la vie politique de la réserve. Les tensions entre ce qui est attendu des protecteurs en interne et leur image à l’extérieur de la Nation sont immenses.  Pour saisir au mieux cet objet de recherche, j’analyse les points saillants de cet activisme navajo via l’écologie politique, la justice environnementale et la souveraineté alimentaire. L’activisme environnemental navajo se targue de protéger l’ensemble du vivant par un changement des relations entre humains et avec les non-humains. Au cœur de cet activisme, se pose la question épineuse et problématique de la représentation des navajos, mais aussi des négociations aux niveaux locaux, nationaux et transnationaux. Les protecteurs navajos évoluent et se forment au sein des universités américaines. Ils sont aussi présents à l’ONU, au Forum permanent des peuples autochtones et dans des ONG.

Rencontre
Le 20 décembre 2024
À 13h30
EHESS

Salle A07_37, 7e étage

54 Boulevard Raspail

75 006 Paris

Aire géographique
Pays
Discipline de recherche
Organisateurs