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Appel à contributions pour la revue reCHERches (Presses universitaires de Strasbourg)

La vérité d’une famille, est-ce d’abord ce qu’elle cache ? pourrions-nous demander en nous inspirant d’une célèbre assertion d’André Malraux dans ses Antimémoires1 . Combien de familles qui ne recèlent un secret, ne cèlent — ou scellent — une parole, ne condamnent au silence une histoire ? Ce sont bien là les premières acceptions du secret : « ce qui doit être tenu caché », et « discrétion, silence qui entoure quelque chose » 2 , la volonté de ne pas transmettre ou d’écarter étant donc explicite, dans le sillage d’une étymologie qui renvoie à l’adjectif latin secretus, participe passé du verbe secernere signifiant séparer, mettre à part. 

S’intéresser au secret, c’est donc explorer le silence dans ses différentes modalités : le silence comme obscurité du dire, devant l’indicible ou l’intenable, aveu en creux d’une fêlure ou d’une rupture ; les silences de la mémoire réprimée, par soi ou les autres, jusqu’à l’oubli parfois ; le silence qui le doit à la peur, évoquant souffrances ou périls ; le silence de la mort, disant l’absence ou le vide si tant est qu’il ne soit pas empli de “fantômes” ou d’un cri retenu. Au regard de ces diverses occurrences où l’on pourrait substituer le terme de secret à celui de silence, ce dernier apparaît comme stratégie d’évitement, une forme insidieuse de régression ou de digression, mais également comme résistance : ou du silence comme arme, défensive ou offensive, devenant — ou trahissant, selon qu’il est cause ou conséquence — une forme de pouvoir, si l’on pense au silence insinuant ou oppressant, à sa façon parole ou enjeu, particulièrement s’il reflète métonymiquement un silence politique ou historique.

 

Appel à publications
Jusqu'au 14 février 2025
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