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Le modèle de transition énergétique que les États européens veulent mettre en place vise à limiter l'usage de ressources carbonées, tout en permettant une utilisation respectueuse de l’environnement. Ce nouveau modèle peut-il faire sortir l’activité minière de l’impasse prédatrice où elle a grandi ?

Modération :

  • Mathilde Allain, maîtresse de conférence en science politique à l’Institut des hautes études de l’Amérique latine (IHEAL), Sorbonne Nouvelle et chercheuse au Centre de recherche et de documentation sur les Amériques (CREDA)

Intervenants et intervenantes confirmées  : 

  • Maristella Svampa, chercheuse au Conicet-Argentine, membre du Pacte écosocial et interculturel du Sud
  • Pía Marchegiani,  directrice de la politique environnementale à la Fundación Ambiente y Recursos Naturales (FARN) ; chercheuse associée au programme d'études globales de Flacso- Argentine.
  • Solène Rey-Coquais, docteure en géographie de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, chercheuse associée à l’UMR Prodig, chargée d'enseignement à l'Ecole normale supérieure (Paris)
  • Nicolas Leconte, conseiller métaux critiques et transition énergétique, Direction de la diplomatie économique, Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères 

Alors que l’extraction de ressources non-renouvelables porte en elle la non-durabilité de son exploitation, il est attendu que son impact environnemental soit contenu. Par quels mécanismes de compensation et de régénération les acteurs industriels et étatiques cherchent-il à atténuer les impacts sociaux ainsi que les pertes de biodiversité et d’écosystèmes provoqués par l’intensification des activités extractives ? Est-il possible d’internaliser les coûts environnementaux et sociaux de l'exploitation dans la valeur des matières premières ? La limitation des atteintes à l’environnement, l’amélioration des conditions de vie des populations locales peuvent permettre de considérer autrement le rôle et le coût des matières premières, en prenant en compte les valeurs rendues par les milieux naturels et sociaux qui vont subir l’extraction. Au-delà de la question de l’impact sur l’environnement, le caractère énergivore de l’industrie extractive pose la question de son impact climatique et, par conséquent, de la conciliation avec les engagements internationaux en termes d’émission de gaz à effet de serre.

Table ronde
25 mai 2023
14h-16h
Avec le concours de l'IdA
Agence française de développement, 3 place Louis Armand 75012 Paris
Aire géographique
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affiche colloque 2023

Colloque IdA-EULAC-AFD-MEAE 2023

25 et 26 mai 2023
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affiche colloque 2023

 

Le colloque "Les défis du commerce des matières premières, Europe - Amérique latine - Caraïbes" est organisé par l'Institut des Amériques (IdA) la Fondation Union Européenne- Amérique latine et Caraïbes (EU-LAC) et l’Agence française de développement (AFD) et le Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, ce colloque s’inscrit dans le cadre des Semaines de l’Amérique latine et des Caraïbes (SALC 2023).  

Coordination scientifique : Yvanne Bouvet (Université de Bretagne Occidentale) et Audrey Sérandour (Université de Haute-Alsace, CRESAT, PRODIG)

25 et 26 mai (Agence française de développement, auditorium Mistral)

Consultez les informations du colloque : 

Dans un contexte d’augmentation de la demande en ressources, d’inquiétudes sur la finitude des réserves et de volonté de transition socio-écologique, les pays européens redécouvrent en ce début de XXIe siècle les enjeux liés aux matières premières non-renouvelables (minerais, hydrocarbures, sable...). Les États qualifient de plus en plus de minerais comme critiques ou stratégiques et les investisseurs cherchent à sécuriser leurs approvisionnements. Cela rappelle à quel point les scénarios de transition reposent avant tout sur des réalités physiques, matérielles, localisées. Les régions de production, de transformation et de consommation sont rarement les mêmes ; et les flux de matières premières, notamment énergétiques, montrent qu'il existe toujours des relations de domination entre ces régions.

L’Amérique latine et les Caraïbes font partie des espaces où se situent d’importants gisements de matières premières. L’exploitation de ces dernières y a même structuré un système économique et socio-politique, mis en place à l’époque coloniale et qui s’est consolidé au fil des siècles pour devenir – dans le cadre de la mondialisation contemporaine – une dépendance aux exportations de ces ressources et au marché mondial. Si les compagnies transnationales jouent aujourd’hui un rôle clé dans l’industrie extractive latino-américaine, un certain nombre d’Etats cherchent à affirmer leur participation et leur contrôle sur ce secteur, car les activités minières constituent une importante source de revenus de court terme, pouvant être utilisés pour soutenir des politiques publiques en matière de santé, d'éducation, de logement, etc. 

De l’autre côté de l’Atlantique, l'Europe a surtout été l'un des espaces de consommation de matières premières, ce qui a largement façonné les relations historiques tissées avec l’Amérique latine et les Caraïbes. C'est aussi l'une des régions du monde où s'affirment aujourd'hui les injonctions à la transition énergétique, qui mobilise une diversité toujours plus grande de minerais. En tant que zone d’importation d’une partie de la production minière latino-américaine, l’Europe et les acteurs européens – qu’il s’agisse d’institutions comme l’Union européenne ou d’investisseurs privés – ont un rôle à jouer dans les logiques de développement du secteur minier latino-américain, notamment par la mise en place de normes socio-environnementales et techniques. D’un continent à l’autre, les matières premières constituent toujours des enjeux à la fois économiques et politiques, mais aussi environnementaux et sociaux. Comment concilier le besoin d’une diversité croissante de matières premières, qui provoque une avancée des fronts extractifs, avec les impératifs de protection de l’environnement et de respect des droits sociaux, mais aussi les attentes des acteurs locaux en termes de retombées économiques ? Quels modèles de développement et de gouvernance peuvent être mis en place autour de l’exploitation des ressources ? Est-il possible de construire des coopérations régionales et bi-régionales, quand au niveau national le débat se cristallise autour des enjeux de souveraineté énergétique ou de souveraineté sur les gisements ? Et, plus largement, comment dépasser l’asymétrie des relations entre les pays fournisseurs de matières premières et les pays qui investissent, achètent, puis transforment ces produits ?

À l’articulation entre les continents, acteurs publics comme investisseurs privés déploient des stratégies de maîtrise des chaînes de valeur des matières premières. Afin de sortir de leur dépendance aux exportations de produits bruts, les pays d’Amérique latine et des Caraïbes misent sur l’industrialisation des ressources : fabriquer des batteries, plutôt que de vendre du carbonate de lithium, par exemple. Or, la longue histoire de spécialisation productive du continent se traduit par un manque de ressources humaines, dont la formation prend du temps et nécessite des investissements, qu’ils soient publics ou privés.

De leur côté, pour assurer leurs besoins en ressources pour la transition écologique, les pays européens multiplient les plans de relance minière. Cette réponse face à un sentiment d’urgence est toutefois contrainte par la temporalité de tels projets, ainsi que par de l’émergence de critiques et contestations locales, souvent elles-mêmes portées par un argumentaire environnemental.

Finalement, les enjeux stratégiques autour des matières premières posent la question de l’échelle à laquelle penser l’exploitation et la régulation des ressources, ainsi que le devenir des espaces post-miniers, dans le contexte de transition socio-écologique. Ils soulèvent également la question des temporalités dans lesquelles s’inscrivent ces préoccupations.

 

Sortie le 1er septembre 2023
Sortie le 1er septembre 2023
Agence française de développement, 3 place Louis Armand 75012 Paris
26 mai 2023
Agence française de développement, 3 place Louis Armand 75012 Paris
25 et 26 mai 2023
Agence française de développement, 3 place Louis Armand 75012 Paris
25 mai 2023
Agence française de développement, 3 place Louis Armand 75012 Paris
25 mai 2023
Organisateurs