Après plusieurs mois d’attente, le partenaire du pôle Canada Projet Ose a enfin lancé sa tournée de projections du documentaire intimités francophones d’eux au cours de la Première Biennale des Langues.
Lors de cet évènement organisé par la Caravane des dix mots qui a eu lieu à Lyon le 27 mai 2021, la réalisatrice Anne-Céline Genevois a convié trois panélistes-artistes pour une table-ronde afin qu’elles évoquent leur expérience de la langue.
Le documentaire illustre le vécu des francophones de l’Ouest canadien et du Brésil afin d’échanger sur nos réalités linguistiques. Pour poursuivre cette discussion, la Biennale des Langues a donc accueilli Zoé Fortier (artiste multidisciplinaire), Andrée Levesque Sioui (poète, autrice, mélodiste et interprète) ainsi que Myriame El Yamani (conteuse, écrivaine et chercheuse). Les invitées ont donc parlé de leur rapport à la langue française et à son imaginaire mais également de la relation qu’elles entretiennent avec d’autres langues.
Zoé Fortier a ouvert les présentations en exposant son vécu en tant que francophone de la Saskatchewan mais aussi son travail d’artiste qui a pour but d’essayer de rendre visible ce vécu dans le territoire francophone des plaines.
Andrée Levesque Sioui, quant à elle, est issue de la nation huronne-wendat et œuvre à la préservation de la langue wendat. Elle explique que si le français est sa langue première, c’est le travail avec les autres langues qui lui permet de mieux la comprendre et l’interroger.
Myriame El Yamani a également le français comme langue maternelle bien qu’elle soit née au Maroc. Elle décrit son rapport à la langue comme étant de l’ordre de l’intime et comme un moyen d’entrer en dialogue avec l’univers et l’imaginaire de l’autre.
Anne-Céline Genevois a commencé la discussion en interrogeant le statut colonial de la langue française. Selon Zoé Fortier, il convient tout d’abord de reconnaitre ce fait mais aussi de voir que ce colonialisme est toujours présent dans la mesure où les populations autochtones continuent d’être exposées à leur propre génocide culturel. Afin de combattre cela, il est nécessaire de lutter contre l’ignorance et les politiques qui continuent à instaurer l’oppression. Pour Andrée Levesque Sioui, les langues sont associées à une vision du monde et la disparition des langues autochtones doit être combattue. Si la Commission de vérité et réconciliation du Canada est un début, le respect de la différence est nécessaire. Elle évoque également avec joie la présence de la langue wendat pour le projet De la poésie sur les toits à Québec qui permet à cette langue de coexister avec les autres. Myriame El Yamani ajoute qu’il faut également prendre conscience que de nombreuses langues sont des langues coloniales et que la question du rapport entre une langue dominante et une langue minoritaire se pose au-delà de l’échelle du Québec.
Bien que la table-ronde ait malheureusement été interrompue sur le live Youtube, l’intégralité de ces échanges fructueux est disponible sur la chaîne Youtube de Projet Ose
Informations :
Les institutions qui souhaitent avoir de l’information et devenir partenaire de la tournée de projections du documentaire intimités francophones d’eux peuvent contacter Marion Jouanneau à marion.projetose@gmail.com.