Présentation

Littérature prolifique et souvent "grise", parfois « best-selling » : les manuels abondent dans les librairies, les lieux de travail, les foyers. Tous y ont recours, associations, administrations, groupes armés, écoles, hôpitaux, communautés, individus. Les manuels sont en eux-mêmes un programme et une action : un ensemble de savoirs, de techniques et de procédés qui anticipent à leur tour des savoirs, des techniques et des procédés qui vont peut-être donner lieu à d'autres manuels. Inscrits dans une boucle de rétroaction, ils se prêtent à l'autodidactisme comme à l'enseignement collectif, à l’endoctrinement idéologique comme à la formation professionnelle. Ils prennent des formes bien plus diverses que leur image ne le laisse entendre, et dans bien plus de médias que les seuls volumes reliés auxquels on les associe. Les manuels ne transmettent pas uniquement des savoirs, ils mettent en œuvre des savoir-faire. Gestuelle, posture, comportements, techniques vocales et narratives des enseignants constituent autant de techniques d’incarnation qui participent à la circulation de savoirs pratiques et à l’élaboration d’un langage commun.

Réfléchir à cette fabrique circulaire du manuel, à ses usages et à ses réappropriations depuis les années 1930 et avec un intérêt particulier pour le rôle joué par les États-Unis dans cette question, tel sera l'objet de cette journée d'études. Guidé.es par des approches historiques et ethnographiques, il s'agira de traiter dans un même mouvement conceptions, usages et mise en scène ; circulations entre disciplines, entre pays et entre médias ; domaines de l'action publique ou espaces militants et alternatifs.