Circulations transnationales : idées et pratiques contestataires dans les Amériques, XVIIIe-XXIe siècles

Organisation : Marie Plassart (Triangle - Université Lumière Lyon 2) et Yoletty Bracho (Triangle - Université Lumière Lyon 2)

Retour sur la table ronde par Marie Plassart et Yoletty Bracho

Interventions  : Mathieu Bonzom (CESSP - Université Paris 1 - Panthéon Sorbonne), Maya Collombon (CEMCA - IEP Lyon), Maria Tarasova Chomard (IHTP - Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis - CNRS), Luke Stewart (Université Paris 1 - Panthéon Sorbonne), Frédéric Spillemaeker (CERMA - EHESS)

Présentation  : En 1908, l’égérie états-unienne des luttes syndicales, Mother Jones, s’adresse aux ouvriers d’origine irlandaise et allemande du Bronx à New York et les exhorte à plus de solidarité. Sont-ils des «lapins au foie blanc» ? Pourquoi n’aident-ils pas les mineurs de l’Ouest des EtatsUnis ? Pourquoi ne soutiennent-ils pas le peuple mexicain contre Diaz ? Ses paroles donnent à voir un horizon transnational, celui des idées et pratiques contestataires dans les Amériques. De la Révolution de 1791 en Haïti aux mobilisations de travailleurs latinos du XXIe siècle aux Etats-Unis en passant par les luttes pour l’autonomie et la souveraineté et contre le racisme, le continent américain est le théâtre de circulations de personnes, d’idées et de pratiques contestataires. Notre table ronde propose d’étudier ces circulations transnationales en s’appuyant sur les travaux collectifs qui ont déjà réuni les américanistes, notamment le colloque international sur les «circulations révolutionnaires, Europe - Amériques» qui s’est tenu à la Sorbonne Nouvelle en 2014, les travaux sur les mobilisations populaires et la citoyenneté présentés lors de la journée d’étude «Les citoyennetés en Amérique latine de 1804 à nos jours» à l’ENS de Lyon en 2017, ainsi que ceux menés depuis 2019 dans le cadre du séminaire «Du Socialisme en Amérique du Nord» et depuis cette année dans le séminaire «Gauches dans les Amériques». Ce dialogue sur les circulations transatlantiques et sur une diversité de mobilisations américaines à l’échelle locale et nationale sera le terreau du questionnement de la table ronde sur les circulations transaméricaines d’idées et de pratiques contestataires. Au rebours d’une approche qui juxtaposerait les cas d’étude nationaux, l’objet de notre table ronde sera, à différentes échelles d’observation, «l’existence de points d’intersection multiples entre des espaces protestataires» et le «travail de traduction et d’acclimatation que la variété des situations où ils agissent commande aux acteurs en relation» [B. Gobille]. En gardant à l’esprit les processus historiques de nationalisation des Etats et des sociétés, ces points d’intersection entre espaces protestataires nous permettront d’entrevoir, en miroir, les circulations des pratiques gouvernementales et de contrôle des contestations. Nous nous interrogerons donc sur l’existence de «communautés imaginées» dont les idées et les pratiques contestataires ne s’arrêteraient pas aux frontières [B. Anderson]. En parallèle se posera la question du transnational comme un espace stratégique d’appui pour trouver les outils, idées et moyens matériels, permettant de mener des luttes contestataires aux échelons nationaux ou locaux.