2ème et 3ème journées d'études préparatoires du colloque 2014 de l'IdA
La notion d’aires culturelles renvoie à une double dimension, à la fois géographique et historique. Sur le premier plan, la notion recouvre l’idée d’étendue, d’espace au sens géographique comprenant l’ensemble des caractéristiques de la géographie physique (relief, climat etc.) ; sur le plan historique, l’accent est mis sur les éléments de stabilité inhérents aux sociétés, aux cultures. Or, que sont les cultures au sens de l’expression ‘aires culturelles’ ? Pris dans cette acception de long terme, il s’agit de découpages du monde en ensembles supposés homogènes construits sur des éléments de similitude et s’opposant les uns aux autres, découpages qui ont forgé nos représentations cartographiques contemporaines après la deuxième guerre mondiale, façonnant les esprits dès le plus jeune âge à tour de ce qu’il est convenu de nommer la mappemonde.
En France, Braudel semble le premier à en avoir dressé une définition : il s’agit d’une structure définie par un espace au sens géographique, une économie, un système de mentalités, de croyances religieuses etc. Du point de vue épistémologique, il faut distinguer la notion de ‘culture’ au sens que lui donne Braudel – qui utilise le terme de civilisation – de l’acception allemande de ‘Kultur’ liée à une conception plus quotidienne, plus immédiate de la vie sociale.
La notion d’aires culturelles se distingue aussi de celle d’area studies propre aux approches anglo-saxonnes, davantage centrées sur des logiques d’expertise, de finalité instrumentale. Distincte par l’orientation épistémologique ou par la finalité, la notion d’aires culturelles a été construite au sein du courant des Annales, à une époque (l’après deuxième guerre) où les efforts intellectuels s’appuyaient sur une vision structuraliste de reconstruction du monde. C’est dans un contexte récent très différent qu’apparaissent les concepts de ‘cultural studies’, de regional studies et plus récemment outre atlantique de cultural spaces : dans toutes ces expressions sont mis en exergue les dynamiques de flux, de stratification sociale et de changement. La notion d’’espace’ – au sens des technologies numériques – n’est parfois plus liée à un territoire géographiquement situé ; A cette nouvelle ère correspondent de nouvelles aires. Comment actualiser la notion d’aires culturelles à l’aune des concepts nouveaux qui apparaissent dans les dénominations institutionnelles ou dans la littérature scientifique ? Comment ces différentes notions se situent –elles les unes par rapport aux autres ? En quoi déplacent-elles pour l’ajuster notre vision du monde de demain ? Telles sont quelques unes des questions qui pourront être réfléchies pendant cette journée d’études.
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