La plupart des pays d’Amérique latine, des Caraïbes et d’Europe connaissent un processus accéléré de vieillissement démographique, caractérisé par l’augmentation de la proportion de personnes âgées et très âgées dans la population. D’après le rapport 2022 de la Cepal, la région d’Amérique latine et des Caraïbes a connu un processus de vieillissement plus rapide que les autres régions du monde : en 1950, les personnes âgées de 60 ans et plus représentaient 5,2 % de la population totale ; en 2022, ce pourcentage s’élève à 13,4 %, une proportion qui devrait atteindre 16,5 % en 2030. En Europe, le vieillissement de la population a été plus précoce et, d’après la Commission européenne, en 2020, déjà 20% des personnes étaient âgées de 60 ans et plus.
Le vieillissement démographique procède de dynamiques enchevêtrant la baisse de la fécondité et de la mortalité aux jeunes âges (vieillissement par le bas de la pyramide), l’extension de la longévité ou le retard de l’âge moyen de la mortalité des personnes âgées (vieillissement par le haut) et le solde migratoire. L’émigration d’adultes et de jeunes hommes et femmes a joué un rôle important dans le vieillissement de la population de certains pays d’Amérique latine et des Caraïbes alors que, en Europe occidentale, l’immigration tend à freiner le processus de vieillissement, contribuant au renouvellement des populations jeunes et adultes, et de ce fait à la natalité.
L'espérance de vie pour les deux sexes a ainsi augmenté de façon significative, passant de 48,6 ans en 1950 à 75,1 ans en 2019 en Amérique latine et Caraïbes et de 62,8 à 79,1 ans, respectivement, en Europe. Avec l’avancée en âge, la féminisation des personnes âgées s’affirme, en raison de la longévité plus grande des femmes, qui vivent néanmoins plus d’années en mauvaise santé. Malgré le recul dû à l'impact de la pandémie de COVID-19, l'espérance de vie devrait continuer à augmenter à l'avenir dans les deux régions. Si les « jeunes-vieux » s’engagent régulièrement dans des activités familiales et sociales de grande utilité, les effectifs croissants de personnes très âgées, plus susceptibles de souffrir de réduction de leur autonomie et d’affections chroniques ou dégénératives, constituent un défi important aux politiques publiques nationales et territoriales de protection sociale et aux arrangements locaux et familiaux d’accompagnement et d’inclusion sociale.
Le processus de vieillissement regroupe une multitude de situations et les moyennes régionales masquent des différences marquées entre les pays, tant en ce qui concerne la rapidité de la transition d'une société jeune à une société âgée que l'intensité du processus. La situation n’est pas non plus homogène à une échelle plus individuelle ou locale, du fait d’inégalités des gains d’espérance de vie des personnes âgées, de leur état de santé (notamment au détriment des femmes et des groupes les plus pauvres ou exposés à des risques environnementaux), de leurs conditions matérielles d’existence (habitat, alimentation, conditions d’emploi, accès à des services publics de qualité, territoire) et de l’appui que peut leur procurer leur entourage social et familial, qui contribuent à amplifier leur vulnérabilité ou à la réduire.
Pris au niveau individuel, le vieillissement s’accompagne d’un accroissement de la demande en prestations sociales, en soins de santé et en assistance, qui pose d’une part les questions de la couverture du risque de survie à des âges élevés et du niveau de protection à apporter (table-ronde 1) et de l’organisation de la prise en soins des personnes en perte d’autonomie (table-ronde 2). Pris à l’échelle de la population, le vieillissement interroge alors la soutenabilité financière des politiques publiques en faveur des personnes âgées mais également l’aménagement des territoires et le maintien de la cohésion sociale (table ronde 3).